Ensemble exceptionnel de 117 portraits de dignitaires chinois
Dynastie Qin (1853) 117 portraits à l’aquarelle et au crayon, sur papier de Chine contrecollé sur cartonmonté en soufflets (185x13mm), recto ou recto-verso, protégé par deux haies de boisvernies.Certains onglets rompus ou consolidés anciennement par du scotch.Portant au dos un timbre humide à l’encre rouge plusieurs fois répété , en haut àdroite la plupart des portraits comportent une numérotation en chinois, deux de cesportraits sont accompagnés de commentaires en chinois.
Ces portraits de dignitaires sont tous vus de face et sont traités avec unegrande minutie dans un style que l’on pourrait qualifier d’hyperréalisme.Cette suite de visages au modelé parfait, d’une présence troublante, semble se détacher de son support.Certains d’entre eux n’ont qu’une esquisse de vêtements, d’autres quelques détails de col ou de veste, qui rendent plus présents encore ces visages inconnus. L’unité de cette galerie de portraits sur l’acuité des regardsprovoquant une curieuse sensation hypnotique.On note un désir de saisir la personnalité de chacun de ces personnages :Légers sourire esquissés, moues narquoises, voire méprisantes où complices: il s’agit de portraits réalisés au naturel, non idéalisés.Des personnages semblent revenir plusieurs fois.On remarque sur certains d’entre eux de menues caractéristiques qui ont étéscrupuleusement reportées : ces visages ne sont pas idéalisés.Les boucles d’oreilles en or, les visages blanchis aux lèvres marquées d’unpoint rouge pour les femmes, certaines coiffes portant des grosses perlesindiquent une origine aristocratique.L’un de ces portraits porte une indication marginale : la femme est décritecomme portant ou devant porter une robe de soie rouge à motifs de dragonsou python doré de rang numéro 5.Ce portrait est daté de l’année de Gui Chou, qui selon le calendrier lunairechinois peut s’interpréter comme l’an 1853 ou 1913 (le calendrier cycliquedes phases de la lune faisant se répéter le nom des années tout les 60 ans estabandonné en 1911). Il semble ainsi probable que la date à retenir soit plutôtcelle de 1853.Un nom apparaît, celui de «Ji Yuan Xiao», pourrait être celui du peintre.Une date évoque le nouvel an chinois ainsi qu’une adresse mais aucuneindication géographique.Le timbre humide au dos des peintures peut se lire : cabinet Song Yun. La fonction de ces portraits est incertaine mais il est tentant d’imaginerqu’ils proviennent des archives d’une officine spécialisée dans la réalisationde portraits d’ancêtres ou bien de portraits commandités pour d’autresfonctions.On sait que les portraits en pieds d’ancêtres revêtaient une grandeimportance dans la Chine ancienne. Protecteurs de la maison, ils se devaientd’être les plus ressemblants possibles afin d’éviter qu’un esprit approchantvienne incarner l’image.Le sentiment que génère ce magnifique document est proche du troubleque l’on ressent à la vue des portraits du Fayoum si l’on considère que lafonction de ces portraits est de garder pour l’éternité la personnalité et l’âmed’un défunt.En 2017 le Saatliche Museen de Berlin a pour la première fois réuni unensemble de portraits chinois provenant des plus importantes collectionsmondiales des musées européen et américain. Il y est exposé une galerie deportraits de même nature que notre ensemble bien que moins volumineuse.La présentation de l’exposition, toujours visible sur internet rend biencompte de l’extraordinaire présence de ces portraits énigmatiques.Pièce unique acheté 400