Album photographique du Japon (c. 1900)
Album photographique in-folio à l’italienne, 21 x 26 cm. Contenant 186 photos de format 8 x 6 cm, montées sur onglet par ensemble de 4, recto-verso sur carton fort. Reliure de l'époque, demi-basane noire frottée à coins. Un passionnant et superbe album composé à la fin du XIXe siècle, témoignant d’un voyage touristique en Birmanie (72 photos), puis au Japon (114 photos). Par un parti-pris tout à fait moderne, le photographe dans cet album s’est attaché à rendre compte de la vie quotidienne : combats de sumos en plein air, pilonnage des céréales, rues commerçantes, paysans sur les flancs du Mont Fuji, jeunes femmes en kimono, pousse-pousse, pagodes et jardins, couchers de soleil, étendards et banderole, scènes de pêche en bord de grève, cimetière shintoïste, jonques, ponts suspendus, etc.Bien que de format modeste et de tirage visiblement amateur, il se dégage de cet ensemble une ambiance envoûtante et mystérieuse. Cet album est l’œuvre de Joachim Clary (1875-1918) (mention manuscrite, signature autographe sur le premier contre-plat), japoniste de la première génération, ami intime de Marcel Proust, Lucien Daudet, Robert de Montesquiou, inspirateur supposé de Marcel Proust pour la partie japonisante de La Recherche du Temps Perdu. Il vivait lui-même en compagnie d’un valet japonais, ramené d’un voyage à Kyoto où ce dernier travaillait comme garçon d’hôtel. Il est l’auteur de L’île du soleil couchant, paru chez Arthème Fayard en 1912, roman sur le Japon cité par Marcel Proust dans une de ses lettres de novembre 1912. Un important album s’inscrivant dans la mouvance japoniste de la fin du XIXe siècle. Le japonisme en France eut de nombreux adeptes : des impressionnistes à Toulouse-Lautrec, des frères Goncourt à Marcel Proust. Mais très rares sont les témoignages de première main qui nous sont parvenus du Japon lui-même. Cet album en est la parfaite illustration. Radicalement différent dans sa conception des classiques albums de souvenirs rapportés par des officiers en escale, il exprime la fascination qu’exerçait Cypango sur les jeunes créateurs de la fin du siècle.